La Sainteté n’est pas le « privilège » de champions toutes catégories de la perfection ou de poids lourds de l’Eglise ! Elle n’est pas, bien sûr, un chemin ordinaire et facile. Mais nous ne pouvons pas laisser ces Figures Nombreuses, si imposantes soient-elles, nous boucher la vue comme des statues ombrageuses ! Ou pis, nous cacher derrière elles, en nous disant « c’est pas pour moi » ! D’ailleurs, à se cacher derrière un pilier, Claudel fut bien attrapé, non ? il n’est pas devenu saint Paul Claudel, mais son théâtre et sa poésie illuminent de la lumière de la foi une langue française brûlante à jamais.
Oui, notre baptéme est un appel à la sainteté. La question du titre , on peut nous la poser : « sont-ils saints, tous ces chrétiens ? »
OUI : nous venons de le célébrer dans le programme ordinaire des Béatitudes. En marche vers elles pour que les coeurs purs voient Dieu et que les pauvres de coeur aient le royaume ! En sortie, dirait François.
Utopie ? Folie ? Prétention ? Oui et Non. Si seul DIEU EST SAINT, sa venue dans l’Histoire et la Chair, et le Temps, les ont sanctifiés. En essayant, avec nos pauvretés, de nous conformer au CHRIST, au « fils de Dieu », en nous agrippant, par amour, à lui en le prenant dans nos vies, le programme devient chemin praticable. C’est le sens de « qui a Jésus a tout ». Un chemin de foi, un chemin d’Emmaüs au pas de chacun, claudiquant ou parfois flamboyant.
Certains grands l’ont pris au pas de course, ce chemin .Mais on peut le prendre à cloche-pied ! Les péchés, ces cailloux dans nos sabots, ces échardes dit Saint Paul, sont nos pauvretés, nos combats, à ne pas cacher, ni refouler, mais à convertir et laisser sanctifier.
Pour les ôter de nos chaussures de randonnée terrestre, la grâce et l’effort sont nos outils de pèlerins. Le Sauveur a sanctifié le Jourdain rempli de déchets et de bonnes intentions. Il a résisté au désert pour nous. Il a partagé la « table des pécheurs » pour qu’ils partagent sa Pâque. Il a changé la nuit en aube pascale et laissé son Esprit travailler la création et enfanter la nouvelle cité.
Sur notre propre chemin vers nos Emmaüs, il nous a rejoint et ouvert les yeux. Reste à dire chaque jour ; « reste avec nous car le Soir tombe » !
Oui, où est le Saint des Saints, le soir ne peut que reculer, car la lumière est là. Comme chez Bernanos, celui qui tombe, c’est l’esprit du mal. Il n’aime pas la sainteté ! Elle le dévoile. Décidément, ils étaient fous ces romains ! De la Croix, il faisaient un signe de vie ! Qui l’eut cru ! Rendons à César...
Henry VEDRINES, 4 nov 2017.